DEBAT NATIONAL SUR L’ECOLE
Voici la situation au 13 novembre 2004.
Voilà un an débutait un grand débat national, dont des forums Internet :
http://www.debatnational.education.fr/forum/Ces débats se sont tenus également sur le terrain. Le site donne des précisions chiffrées. Ils se sont achevés en février. Ces débats sur Internet, auxquels j’ai fortement et modestement contribué, sont toujours consultables.
Puis une synthèse a été élaborée. Les principaux points en ligne :
http://www.debatnational.education.fr/index.php?rid=70La publication complète a été faite sous le titre : « Les Français et leur école. Le miroir du débat ». Éditions Dunod, avril 2004.
Ce volume de 575 pages a été abondamment distribué dans les établissements scolaires, et mis en vente pour la somme de 7.50 €.
Commentaires.
Ces débats ont immédiatement été entachés de suspicion de la part des internautes ou des intervenants. Quoiqu’il en soit, sans se leurrer quant aux conséquences concrètes que nous en attendions, nous avons joué le jeu, tant et si bien qu’à la clôture officielle, beaucoup des principaux intervenants ont souhaité continué à débattre. Suite à une initiative d’un de nous, qui a créé un site-miroir du débat, avec autorisation du Ministère de l’Éducation Nationale, nous continuons donc à penser et proposer. Tous les gens qui le souhaitent y sont les bienvenus :
http://debat.ath.cx/Cette synthèse du débat, donc, me semble personnellement improprement intitulée « Le Miroir du Débat ». J’en ai immédiatement fait part à la Commission de synthèse, car je crois qu’il aurait été plus exact d’écrire : « Le Reflet du Débat ».
Mais globalement, nous nous sommes retrouvés dans les textes édités, même si les vraies nuances n’ont pas pu ressortir, d’où l’intérêt de pouvoir en consulter les messages d’origine.
Puis, ce débat et son compte rendu ayant été élaborés pour agir comme force de proposition à la nouvelle loi sur l’éducation qu’on nous promet pour 2005, la Commission Thélot a donc été le support des considérations liminaires du gouvernement. En principe.
Sauf qu’à écouter le Premier Ministre, et son intervention mercredi 10 novembre 2004 sur France 2, à 20 h 30, on peut entendre ce raccourci pour le moins saisissant :
Insistant sur la notion de "socle", mesure phare préconisée par le rapport de la commission Thélot issu du débat national sur l'avenir de l'Ecole, M. Raffarin a souhaité "que l'on puisse développer un parcours personnalisé".
http://info.france2.fr/france/5964208-fr.phpCe raccourci consiste à proposer une forme de socle des savoirs, très proche du Certificat d’Étude, en y intégrant les nouvelles donnes sur la communication : pratique de l’informatique et d’une langue étrangère, essentiellement l’anglais commercial…
Bref, d’un débat de haute tenue, nous en sommes arrivés aujourd’hui à un néo-certificat d’études qui évaluerait les compétences en lecture, écriture, calcul, informatique et anglais commercial. Un peu court, non ?
Nul, à ce stade, ne saurait s’en contenter. Il nous faudra obtenir une proposition de loi sur l’école autrement plus moderne et ambitieuse, tant il vrai que notre système éducatif dispose des compétences et des outils pour faire avancer fortement la société et ses enfants vers une meilleure « intelligence sociale », au sens entomologique du mot si j’ose cette comparaison, qui n’engage que moi bien entendu.
Pour en savoir déjà plus, voici le lien qui permet de lire l’avant-projet de cette loi :
http://www.loi.ecole.gouv.fr/_web/templates/home.php?NodId=2Tout cela étant dit, nous estimons généralement qu’après tous les efforts qui s’y sont montrés, le débat national ne semblerait accoucher que d’une bien piètre créature.
Prenons, pour illustrer cette thèse, un point que je connais plus particulièrement : le travail des professeurs-documentalistes et le rôle des Centre de Documentation et d’Information qui sont au centre des activités des collèges et des lycées.
Si nous lisons le rapport Thélot :
http://www.ladocfrancaise.gouv.fr/brp/notices/044000483.shtmlrapport qui fait suite au « Miroir du Débat », et qui engendre directement le projet de loi sur l’école, nous ne trouvons strictement aucune mention ni des CDI ni des documentalistes, pourtant placés par les programmes et les instructions en vigueur depuis 1986 au cœur des activités pédagogiques et des relations entre membres de la communauté éducative.
Or, voilà que ce 12 novembre 2004, dans le dernier Bulletin Officiel de l’Éducation Nationale, à propos d’une action importante et annuelle, intitulée « Semaine de la Presse », voici le texte signé par le Ministre de l’Éducation :
Semaine de la presse : le rôle des enseignants-documentalistes (BOEN du 12/11/2004) :
http://www.education.gouv.fr/bo/2004/41/MENL0402365C.htmLe rôle des documentalistes
La place des documentalistes dans le succès de la Semaine de la presse et des médias dans l’école est chaque année réaffirmée : le CDI, lieu central de l’établissement, est le reflet de cette implication. Derrière cet engagement humain, les textes des programmes officiels réaffirment l’importance de la documentation scolaire dans l’éducation aux médias. Ainsi le travail au CDI est tantôt nommément mentionné, tantôt inscrit en filigrane derrière les savoirs à acquérir et les activités proposées.
Le travail au CDI est mentionné, par exemple, en classe de sixième en histoire et géographie, dans le cadre de la recherche documentaire, ou en éducation civique pour l’apprentissage de l’autonomie, pour l’analyse de la diversité des sources et des supports d’information. De même, le travail sur l’image en français, en classe de cinquième se fait “en liaison avec le CDI”. En classe de troisième, pour l’éducation civique est affirmée la nécessité de l’apprentissage documentaire au CDI, sachant que le thème d’actualité traité renvoie aux médias et à l’opinion publique. Ces quelques exemples montrent que le CDI, en tant qu’outil et lieu d’investigation instituant un rapport différent au savoir s’inscrit dans le programme des disciplines. Rappelons que, derrière cette appellation “CDI”, il y a toujours un enseignant documentaliste identifié par la communauté éducative en raison de sa disponibilité et de sa compétence. Par ailleurs, la fréquentation du CDI est implicite dans beaucoup d’activités liées à l’éducation aux médias et mentionnées dans les programmes (et les compléments de programmes), telles que la lecture de l’image, la découverte des différents médias, la lecture d’articles de presse, la recherche d’informations. Pour ces activités, l’enseignant a tout intérêt à se tourner vers le CDI et les documentalistes : outre la découverte des outils de recherche, des différents supports d’étude, et des ressources disponibles, c’est aussi une méthodologie que les élèves vont y acquérir : recherche documentaire, sélection de l’information, prise de notes et restitution.
Les nouveaux dispositifs, et notamment les itinéraires de découvertes au collège (IDD), les travaux personnels encadrés au lycée (TPE), les projets pluridisciplinaires à caractère professionnel au lycée professionnel (PPCP) favorisent cet apprentissage de l’autonomie croisée avec l’interdisciplinarité dont le CDI est le lieu par excellence. De même, les programmes d’éducation civique juridique et sociale (ECJS) en recommandant la pratique du dossier documentaire ou du dossier de presse induisent une fréquentation du CDI par les élèves.
D’une manière générale, au lycée, les parties du programme en liaison avec l’éducation aux médias peuvent toutes déboucher sur un travail de fond ou complémentaire au CDI : c’est bien en effet le centre de documentation qui se profile derrière les mots “recherche documentaire”, “utilisation de documents visuels ou audiovisuels”, utilisation d’internet, lecture de la presse.
Si nous lisons bien les textes actuellement en vigueur, nous avons d’une part celui-ci, confortant les rôles et actions des documentalistes, rôles et actions qui sont devenus extraordinairement plus denses et complexes avec la généralisation de l’usage d’Internet dans l’éducation, et d’autre part ce projet de loi issu d’un immense débat national et qui ignore superbement ce rôle convergent des nos activités de documentalistes.
Dès la mise en place du site sur le projet de loi :
http://www.loi.ecole.gouv.fr/_web/templates/home.php?NodId=2j’ai immédiatement alerté les personnes qui gèrent ce site sur la question des documentalistes. Une rapide et nette réponse m’a simplement confirmé que j’étais l’un des tous premiers à leur écrire et qu’ils m’en remerciaient (mais je vous en prie…, c’est mon travail, d’être vigilant, comme fonctionnaire et comme citoyen), et qu’ils prenaient bonne note de ma remarque, ce qui n’engage à rien, on en conviendra. Donc…
Donc, je crois que l’heure est venue de penser que la loi qui se prépare est très incomplète. Elle ne saurait apporter quelque nouveauté que ce soit en l’état, et méritera d’être amendée, sinon repensée. De nombreux et brillants esprits se sont exprimés sur la question, et les propositions très solides qui en découlent semblent ignorées. En un mot, aucune innovation. Surtout pas, serait-on tenté d’ajouter. Ce n’est pas de la mauvaise foi. Pour l’heure, simplement du dépit.
Quand le texte définitif sera proposé au Parlement, s’il ne contient aucune avancée, il sera source d’une grande agitation dans le milieu éducatif, enseignants, parents et élèves.