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 Réflexions sur l'esthétique de Nietzsche

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2 participants
AuteurMessage
Mathieu Kessler
Rang: Administrateur



Nombre de messages : 954
Localisation : Chartres
Date d'inscription : 13/09/2004

Réflexions sur l'esthétique de Nietzsche Empty
MessageSujet: Réflexions sur l'esthétique de Nietzsche   Réflexions sur l'esthétique de Nietzsche EmptyVen 8 Oct à 21:17

Citation :
Monsieur,

Etudiant en maîtrise de philosophie, [...]. Je voulais
travailler sur Nietzsche sous l'angle de
l'esthétique, mon directeur de mémoire avec qui je
m'entends très bien accepta de prendre la direction de mon
étude en m'incitant à étudier la notion de grand art
chez Nietzsche. L'objet de ce mail impromptu s'il en
est j'en conviens est de soumettre à votre autorité
deux impressions personnelles dont le flou m'inquiète
à mesure que l'échéance se rapproche.

Premièrement, la lecture des textes postérieurs au
Zarathoustra m'incite à penser que l'art, en tant que
domaine restreint à la sphère esthétique, n'intéresse
plus tellement Nietzsche : il ne l'aborde pour ainsi
dire plus, et l'activité couramment entendue sous le
terme d'artistique ne peut plus prétendre à autre
chose qu'au délassement, qu'à la pause divertissante
(que ce soit en termes de spectateur ou d'artiste).

Deuxièmement, si le grand art, c'est-à-dire l'art
valorisé du point de vue de ses prétentions
métaphysiques, n'est plus possible qu'à titre de
comédie ou de malhonnêteté, Nietzsche ne peut
néanmoins pas se débarrasser de l'idée de grandeur
artistique, afin de ne pas sombrer dans le
relativisme le plus décourageant. Le problème de la
hiérarchie évoqué dans la préface à Humain, trop
humain, I
, renvoie à celui du salut de la grandeur :
le grand doit êre possible, encore et malgré tout
possible pour sauver les valeurs et l'affirmation de
ces valeurs.

Qu'en pensez-vous ? La notion de grand art
conserve-t-elle quelque pertinence chez Nietzsche
après la rupture avec Wagner et l'abandon de sa
métaphysique d'artiste ?

V.

V., je vous remercie pour cette réflexion stimulante dans le "grand style" Wink ! Permettez-moi d'y répondre sur ce forum où nous pourrons peut-être poursuivre cette intéressante conversation... Impromptu pour impromptu, n'est-ce pas ? Tel est surpris qui croyait surprendre scratch ...

Dans la perspective de la "physiologie de l'art", la grandeur se situe dans les "petites choses" injustement dépréciées au profit de la métaphysique. La métaphysique d'artiste se situait sous cet horizon qui, en vérité, dépréciait l'art dans son essence de "délassement" ou plus justement de "grand stimulant de la vie". Or, à présent, le "délassement" devient une activité supérieure à la contemplation des fictions métaphysiques, parce que de connivence avec la vie... L'art n'a plus besoin de puiser sa grandeur dans le monde des Idées. La grandeur est celle de la vie intense, comme Carmen peut incarner et symboliser cette passion pour la vie terrestre.

L'art célèbre ainsi les noces du philosophe-artiste avec la Terre. Toute sa grandeur se situe à présent dans sa capacité de subvertir le sens de l'idéal philosophique qui, de nihiliste, devient affirmateur. Aussi, le lourd devient léger et le léger se charge de la pesanteur la plus grave, celle de l'amor fati.

L'éternel devient éphémère et l'éphémère tend à s'éterniser, à travers la beauté.

L'art demeure donc grand dans la mesure où il apparaît comme un "antidestin" (Malraux). Or, il y a de cela chez Nietzsche depuis La Naissance de la tragédie. Dans l'apollinien, la "belle apparence" donne finalement tout son sens à l'héroïsme tragique. Simplement, depuis la Préface à la seconde édition du Gai Savoir (1886), il faut avoir le courage de s'en tenir à la surface !

La surface n'a toutefois rien de superficiel. Elle est comme un labyrinthe. Sa profondeur ne "descend" ni ne "monte", elle se déploie à travers de multiples interprétations des phénomènes. Elle est puissance d'égarement, invitation aux voyages sans fin, sans bornes, sans but ultime, sans cause radicale de toute chose. Là réside derechef sa grandeur, dans le fait de s'en tenir courageusement à la "surface". Si l'artiste devient un bouffon, mais un "bouffon de génie" (Nietzsche à propos d'Offenbach), c'est parce qu'il était déjà héroïque jusque dans ses pitreries, ce que Ecce Homo nommera le "grand sérieux"...

D'un point de vue logique, vous pouvez résoudre cette contradiction en vous appuyant sur un article que j'ai publié dans Cultures en mouvement (« Le concept qualitatif de la grandeur » in Nietzsche, philosophe du XXIe siècle ?, Cultures en mouvement, Antibes, mai 2001, p. 40-43).
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http://www.orleans-tours.iufm.fr/ressources/ucfr/philo/m_kessler
Chiron

Chiron


Nombre de messages : 1
Age : 39
Localisation : Montpellier
Date d'inscription : 12/09/2011

Réflexions sur l'esthétique de Nietzsche Empty
MessageSujet: Réflexions sur l'esthétique de Nietzsche    Réflexions sur l'esthétique de Nietzsche EmptyLun 12 Sep à 19:54


https://www.dailymotion.com/video/xhzpq2_nietzsche-par-la-jeunesse-aux-cheveux-gris-p2-la-l-icare-de-la-verite_creation

Enivré par le lyrisme dithyrambique du « chant de la mélancolie » entonné par le vieil enchanteur, nous avons vu émerger de la matérialité du texte le reflet poétique de l’homme véridique sur le miroir du mythe, la volonté de vérité comme transfiguration de cette antique démesure, la chute d’Icare : « Ainsi suis-je tombé moi-même jadis de ma folie de vérité, de mes désirs du jour, fatigué du jour, malade de lumière, - je suis tombé plus bas, vers le couchant et l'ombre : par une vérité brûlé et assoiffé ». Bien que cette figure mythologique n’est pas énoncée de manière littérale dans le poème, celle-ci se trouve pourtant suggéré par la métaphore finale et portée tout du long par la musicalité du lyrisme dithyrambique, jusqu’au point culminant de la chute tragique. Le lecteur qui « entend avec les yeux » surprend alors l’élément alcyonien qui émerge magistralement au terme de sa lecture. Nous retrouvons l’homme véridique dont désir, la volonté, la recherche et de la vénération s’effondrent devant le soleil de la vérité, sous les traits insignes de la figure d’Icare. Les hymnes et toutes chansons entonnés par le dévot de Dionysos, expriment l’intime espérance d’un retour du tragique. Le dithyrambe qui était le berceau de l’esprit de la tragédie au temps d’Archiloque, devient sous la plume de Nietzsche le foyer de l’espérance d’une renaissance de l’homme tragique.

Oui ? Non !


Dernière édition par Chiron le Mar 20 Déc à 16:15, édité 2 fois (Raison : Réflexions sur l'esthétique de Nietzsche)
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